Le Mal court

de Jacques Audiberti

Mise en scène de Christine Berg

Avec
Moustafa Benaïbout, Loïc Brabant, Céline Chéenne, Pauline Deshons, Jean-Michel Guérin, Antoine Philippot

Scénographie
Pierre-André Weitz

Costumes
Pierre-André Weitz

Realisation Costumes
Nathalie Bègue

Construction des décors
Fabien Gallier

Régie
Marine Molard / Morgane Barbry

Coproduction
Espace Jean Vilar de Revin
Administration
Fabienne Christophle
Coproduction : ici et maintenant théâtre / Espace Jean Vilar de Revin. La compagnie ici et maintenant théâtre est conventionnée avec le Ministère de la Culture/Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne ainsi qu’avec le Conseil Régional de Champagne-Ardenne et la Ville de Châlons-en-Champagne. Projet soutenu par le Conseil Départemental de la Marne et le JTN.

La pièce (1947)
 

Dans un XVIIIème siècle en déclin, la toute jeune princesse Alarica voyage avec sa gouvernante, un Maréchal et son lieutenant, jusqu’aux frontières de la Saxe afin d’y être présentée à son futur mari, Parfait XXVII, roi d’Occident. Alarica a des visions prémonitoires étranges…

Au cours de la nuit, surgit un jeune homme entreprenant et beau parleur qui, prétendant être le roi Parfait, lui déclare une flamme lyrique et l’embrasse. C’en est donc fait, c’est lui qu’Alarica aimera puisqu’il n’y a qu’un seul prince charmant dans les contes de fées.

Surpris par le Maréchal et le lieutenant, l’imposteur se jette par la fenêtre et échappe de justesse à la mort lorsqu’on frappe à la porte et que s’annonce…le roi Parfait XXVII, flanqué de son Cardinal…

Alarica va alors apprendre que son prochain mariage ne se fera pas car la princesse d’Espagne a été préférée en raison de nécessités politiques… Commence alors une effroyable désillusion mêlée de coups de théâtres successifs : tout cela n’était qu’hypocrisie, mensonges, manigances, corruption…y compris le bel imposteur et la gouvernante affectueuse, ils ont tous (sauf le jeune roi amoureux et naïf) trompé Alarica. Elle est brisée.

Arrive le vieux roi Célestincic, père de la princesse et éleveur de salades (!), qui, voyant son trouble, veut la contraindre à retourner vivre d’où elle vient…

Mais il n’en sera pas ainsi…puisque le mal court, Alarica va faire le mal…et même mieux que les autres…

 
 
 
Notes de mise en scène
 
Il faut que le monde soit clair. Si les coeurs étaient clairs, le monde serait clair.
Le Mal court Jacques Audiberti
 
Jacques Audiberti est un auteur méconnu. C’est dommage.
Emportées dans le grand mouvement littéraire de l’après-guerre, son élégance stylistique et l’exquise insolence de son esprit n’ont peut-être pas résisté à un théâtre délibérément plus « sérieux »…
Pourtant, Le Mal court est un petit bijou de singularité et d’humour. La verve d’Audiberti est joyeuse et décapante dans sa liberté, tout en restant proche d’un Giraudoux dans la qualité de sa langue…
 
Sommes-nous réellement dans un conte de fées avec princesse facétieuse, gouvernante ronchon, maréchal extravagant ?… il y a bien un prince charmant qu’on attend mais rien ne se passera comme espéré.
Car toute cette société est fausse, construite sur « le mal » c’est-à-dire des intérêts mercantiles, des compromissions, des mensonges, et c’est tout ce qu’Alarica va découvrir. Il y a dans ce personnage du Hamlet moderne ( !) sans le meurtre, si ce n’est celui d’une certaine foi dans l’avenir…
Et lorsqu’Alarica, découvrant cette duplicité et ces hypocrisies, se met nue pour chanter et provoquer les personnages de cette sombre farce, c’est bien cela qu’elle met en jeu : la découverte d’un monde pourri face à la blancheur de son corps joyeux.
C’est un théâtre de l’ombre et de la lumière, sans grandiloquence pourtant, à l’endroit du dévoilement. Un Claudel en aurait fait une fable mystique !
 
Mais, il n’y a pas de transcendance, personne ne sera sauvé, on perd tout.
Il est donc question ici d’une révélation sinistre, d’une mise à mort de l’enfance, d’un idéal, du rêve.
A la façon de Maeterlinck, tout fera symbole : la scénographie exposera un monde clos dans une perspective trop appuyée et dont les murs se referment, se cassent de manière étrange comme le labyrinthe dont Alarica, telle Ariane, ne trouve pas l’issue.
Cette issue pourtant pressentie très tôt n’est que celle de la mort qui hante cette œuvre.
Et les deux jeunes héros, la jeune princesse et le jeune prince, seront défaits, détruits, incapables de vivre.
Il faut mettre le feu à ce monde-là, il est pourri, il se mange et ne permet pas aux enfants de grandir.

Les œuvres littéraires sont toujours de curieuses boîtes de Pandore : voilà que s’ouvrent des possibles que l’on ne soupçonnait pas.
Ou pour le dire de façon plus triviale : comment une pièce qui pourrait n’être qu’un théâtre de boulevard un peu chic et amusant, peut révéler l’effroyable état du monde.

Que le théâtre soit…comme la lumière !

Christine Berg
Pauline / Alarica
@photo JAC - Pauline Deshons / Alarica
 

l'auteur

Jacques Audiberti (1899-1965)

"Le Mal court, je l'ai écrit en état de transe, comme si Le Mal court avait été écrit quelque part dans l'espace et que je n'eusse qu'à recopier ce qui était devant moi et au-delà de moi […] Ensuite a commencé mon calvaire d'homme de théâtre. J'ai compris, j'ai compris que j'écrivais pour le théâtre. Je ne pouvais plus me le dissimuler, puisque mes pièces étaient jouées. Au poète s'est enchevêtré le metteur en scène. "
 
Jacques Audiberti est un auteur qu’il faut redécouvrir pour la beauté délicate de sa langue et son audace dramatique : mêlant les genres sans souci de réalisme, il assume une poésie extrême et un humour décapant et politique. Visionnaire d’une société où le mal court sans vergogne, il interroge là une sorte d’élégance du désespoir.

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